NatBad's Update

«Job-pocalypse» : y a-t-il un mot plus dévastateur pour ruiner l'espoir de toute une génération ? Ce mot-valise médiatique qui désigne la destruction massive des emplois par l'IA, est revenu brutalement sur le devant de la scène cette semaine suite à la parution du rapport de la BSI (British Standards Institution), pour dénoncer la menace planant sur les emplois juniors.
On y apprend (une fois de plus) qu’une proportion remarquablement élevée de leaders d'entreprise (39%) déclarent que les postes juniors/débutants dans leur organisation ont déjà été réduits ou supprimés en raison des gains d'efficacité apportés par l'IA et que 43% de ces mêmes leaders s'attendent à réduire les rôles juniors/débutants en réduisant le recrutement de nouveaux arrivants. (chiffres focus France ci -dessous👇)

Après avoir présenté ces données chiffrées lourdes de sens, le rapport introduit la notion de « Generation Jaded », littéralement « génération désabusée », pour qualifier la Gen Z. Il en propose toutefois une relecture en jouant sur l’acronyme : Jaded pour « Jobs Automated, Dreams Eroded” (Emplois Automatisés, Rêves Érodés).
Même si j’entends bien que tous ces rapports qui se suivent servent à pointer une difficulté structurelle pour qu'une solution collective soit trouvée, il m’est difficile de ne pas penser à ces jeunes qu’on condamne d’avance, avant même qu’ils aient pu franchir la porte du monde du travail.

Pourtant, la stratégie de ces leaders est dangereuse : “si l'IA fait 80 % du boulot d'un junior, pourquoi l'embaucher ? ” Cette vision oublie que les tâches juniors comme la recherche, la vérification, l'administration sont les « tâches fondatrices » qui apprennent le jugement et l'esprit critique. En supprimant ces étapes, ils créent des managers de demain sans les bases essentielles.
Et cette erreur n'est pas théorique. Elle a eu lieu, sous les yeux du monde, et elle a un nom : le fiasco de Deloitte, en Australie, preuve que l’automatisation sans supervision humaine coûte plus cher que l’embauche.

Ce qui me semble encore plus dangereux, voire le plus ironique, c'est que l'entreprise tourne le dos à son meilleur atout. La « Generation Jaded » n'est pas le problème ; elle est la solution. La Gen Z a fait de l’IA sont meilleur allié. L’étude Talan x Ifop (sept. 2025) révèle que près de 85% des 18-24 ans ont intégré des outils d’IA générative dans leur quotidien, alors que ce taux dépasse à peine un tiers pour les plus de 35 ans, illustrant une fracture générationnelle nette.

Le vrai risque, ce n’est pas que l’IA remplace les jeunes, c’est qu’on la confie à des managers qui n’ont jamais appris à la vérifier. Il est encore temps d’inverser la logique : confions l’avenir de l’IA à ceux qui savent déjà l’apprivoiser.💪

- MONDES IMMERSIFS -

• Défilé 2025 : L'Oréal Paris met à jour son expérience Roblox.

À l'occasion du Défilé L'Oréal Paris 2025, l'expérience "L’Oréal-Simulateur de défilé" sur Roblox a été mise à jour pour refléter l'ambiance de Paris en temps réel, tout en promouvant les valeurs fondamentales de la marque : la confiance, la créativité et l'expression de soi. Toujours un carton plein⚡️.

• La beauté masucline à l’honneur dans Fortnite.

American Crew, l’entreprise américaine spécialisée exclusivement dans les soins pour les hommes vient de lancer “Style Hunt” une île exclusive sur Fortnite entièrement personnalisée et conçue pour donner vie à l’univers d’American Crew, en mettant en avant des éléments visuels issus de la nouvelle gamme Style Enhancers et en proposant un défi de cache-cache “où la stratégie rencontre le style”.
En pénétrant dans cet univers singulier, American Crew élargit son territoire de marque pour toucher de nouveaux publics, engageant directement le consommateur moderne de la Génération Z et positionnant la marque à l'avant-garde d'une nouvelle ère dans le grooming masculin.

• Amazon : un mix malin entre nostalgie du catalogue papier et engagement immersif.

Depuis 2023, Amazon a fait de son événement annuel sur Roblox un incontournable des fêtes : une expérience ludique et communautaire qui prolonge l’esprit du Holiday Kids Gift Book (le célèbre catalogue de Noël) en y ajoutant une dimension immersive. Chaque édition transforme ce rendez-vous en une aventure mêlant mini-jeux créatifs, récompenses virtuelles exclusives et mécaniques engageantes pour captiver les jeunes et les familles. Amazon capitalise ainsi sur la fidélisation du public Roblox et l’intégration phygitale par son catalogue cadeau, en installant une tradition immersive de fin d’année.

• Sesame Street revival dans Roblox.

Octobre 2025 restera dans les mémoires comme le moment où Sesame Street a quitté les écrans pour investir les mondes immersifs. Avec « Neighborhood Adventures », la rue mythique du 123 devient un monde interactif dans Roblox : exploration du quartier, rencontres avec Elmo et Cookie Monster, mini-jeux éducatifs, et même des avant-premières d’épisodes réservées aux joueurs. Plus qu’un jeu, c’est une réinvention maligne de la série culte, pensée pour capter l’attention des enfants là où ils passent leur temps, tout en gardant l’esprit pédagogique et bienveillant qui a fait son succès.
Testé et adoré 👍 (pas de version fr)

• Doja Cat, la Boss d'Halloween enflame Fortnite.

Doja Cat, la célèbre rappeuse, chanteuse et auteure-compositrice revient dans Fortnite, mais cette fois c’est pour une collaboration sur l'événement Halloween 2025, baptisé Fortnitemares 2025. La star envahit l’univers du jeu avec un double look, dont « Mother of Thorns », une version sombre et majestueuse qui en fait la boss officielle de l’événement. Au menu : deux skins inédits, des pioches, des émotes, un écran de chargement signature… même une Lamborghini Huracán rose à son effigie. Et surtout, deux de ses tubes (« Aaahh Men! » et « Gorgeous ») intègrent le mode Jam Track, pour que les joueurs dansent sur ses rythmes directement dans l’arène. Le combo parfait : une collab qui mélange esthétique gothique, luxe déjanté et beats entraînants comme Fortnite les aime. 💫🤩

• Un peu de nostalgie avec un crossover Scooby-Doo également.

Traversant les générations depuis sa création en 1969, le toutou Scooby-Doo et sa troupe répondent présents et participent à l'événement Fortnitemares qui durera jusqu'au 1er novembre. Des collabs’ toujours plus surprenantes mais qui font le bonheur des joueurs. 👍

• Votre salon en château médiéval. L’IA le fait, mais pourquoi ?

L’appli XR qui a fait le buzz cette semaine s’appelle Decart XR ; elle a débarqué avec la promesse d’effacer votre réalité pour la remplacer par une autre. “Enfilez un Meta Quest 3, activez l’appli, et votre pièce se métamorphose en château fort ou en Versailles enneigé, le tout en temps réel, avec une fluidité qui frôle la magie. 152 filtres, une latence ultra-faible, des commandes vocales pour passer d’un univers à l’autre comme on tourne les pages d’un livre d’images. La réalité mixte n’a jamais été aussi accessible, aussi spectaculaire.”
Pourtant, entre l’émerveillement technique et l’usage concret, il y a un fossé. Oui, c’est bluffant de voir son appartement se muer en décor de manga, mais au-delà du "wahou" initial, on se demande bien à quoi ça sert. Les développeurs y voient un outil de création révolutionnaire, les gamers un mod immersif pour leurs parties, et les autres… une app qui risque de finir au placard après trois essais, comme ces filtres Snapchat qu’on utilise une fois pour rire.
Pas convaincue, même après 3 essais. 🫤

• Zoom sur les 5 médias qui s’imposent sur ChatGPT.

L'agence Eskimoz publie son baromètre sur le Generative Engine Optimization (GEO), qui analyse la visibilité des médias dans les réponses de ChatGPT, qui compte plus de 800 millions d'utilisateurs mensuels.
Basée sur 50 000 prompts et 1 200 sites web, l'étude mesure le taux de citations et le trafic estimé, soulignant l'importance d'une présence forte sur Wikipédia (jusqu'à 67,8 % des mentions). Parmi les médias nationaux généralistes, Le Monde domine avec 64,4 % de citations, suivi de Le Figaro (53,3 %) et Libération (34,4 %).
Cette étude montre comment les grands médias dominent l’écosystème de l’IA, imposant leurs contenus grâce à leur notoriété et à leur maîtrise du référencement. Résultat : ils reconfigurent les règles de la visibilité, forçant les acteurs plus petits à s’adapter ou à disparaître…

• Vidéo IA : 8 secondes pour nous tromper.

Saviez-vous que la plupart des vidéos générées par IA durent exactement 8 secondes ? Ce n'est pas un hasard ; cette durée est le temps parfait pour court-circuiter votre pensée critique et injecter une charge émotionnelle immédiate, rendant ces clips viraux et redoutablement efficaces pour la désinformation. Pour ne plus jamais se faire piéger, cette vidéo de DW News vous révèle les coulisses de ce phénomène et surtout, comment repérer les fausses vidéos (en 8 petites minutes).

• Santé mentale et numérique, rien ne va plus.

À l’occasion de la Journée mondiale de la santé mentale, Dailymotion publie la troisième édition de son baromètre annuel, réalisé avec YouGov et l’Association e-Enfance.
On y apprend que si 82 % des créateurs déclarent une bonne santé mentale, signe d’une certaine résilience face aux exigences des plateformes, 91 % souffrent pourtant d’épuisement professionnel, marqué par l’anxiété, les troubles du sommeil et la pression constante de publier.
Pire, 62 % avouent adapter leurs contenus aux algorithmes, et 91 % reconnaissent amplifier le sensationnalisme pour capter l’attention, au risque de perdre le plaisir de créer. Malgré tout, leur perception des réseaux s’améliore légèrement, avec seulement 50 % les jugeant néfastes (contre 58 % en 2024).
Côté utilisateurs, surtout chez les 18-24 ans, l’impact émotionnel reste lourd : bien que 59 % estiment leur santé mentale satisfaisante, la moitié ressentent une émotion négative après leur passage en ligne, alimentée par la comparaison sociale (69 %). Parmi les plus fragiles, 88 % envisagent même de modifier leur apparence ou leur mode de vie pour correspondre aux standards des influenceurs.

• La Génération Z ne regarde plus la télé, elle consomme des flux.

La Génération Z a définitivement tourné le dos à la télévision traditionnelle : selon le rapport 2025 du BCG et Native Research, seulement 16 % de son temps d’écran est désormais consacré à la télé linéaire. À la place, elle privilégie les flux personnalisés : 64 % de son temps de visionnage se concentre sur le streaming, avec YouTube en tête (devant Netflix), même pour des contenus longs comme les films et séries.
Les algorithmes ont remplacé les grilles de programmes, et les formats courts (TikTok, Reels, Shorts) dominent, avec une tolérance surprenante envers la publicité. Les plateformes européennes, bien que perçues comme culturellement pertinentes, peinent à rivaliser avec les géants mondiaux.

• Comment TikTok hacke votre cerveau.

Une enquête très pointue du Washington Post, révèle comment TikTok capte l’attention de ses utilisateurs.
Les résultats sont frappants : TikTok ne se contente pas de retenir l’attention, il la reprogramme. En cinq mois, des utilisateurs initialement modérés (30 minutes/jour) voient leur temps d’écran plus que doubler (71 minutes), tandis que les « power users » stabilisent leur usage à 4 heures quotidiennes, non par plaisir, mais par réflexe conditionné.
L’algorithme, en proposant un flux infini de contenus hyper-personnalisés, exploite les mécanismes cérébraux de la récompense (dopamine), créant une dépendance comparable à celle des substances addictives.
Le temps entre deux swipes diminue pour tous (de 13,3 à 12,9 secondes pour les utilisateurs légers, de 11 à 10,1 secondes pour les autres), révélant une automatisation du geste : les utilisateurs finissent par scroller par habitude, même quand le contenu ne les intéresse plus.
L’interface de TikTok supprime toute friction : pas de menu, pas de choix, juste un flux continu. « Ce n’est pas l’utilisateur qui contrôle l’app, c’est l’app qui contrôle l’utilisateur ». Les vidéos courtes (30 secondes à 1 minute) créent une illusion de maîtrise (« je peux arrêter quand je veux »), alors que le swipe devient un tic nerveux.
Le vrai produit de TikTok, ce n’est pas le contenu, mais l’attention monétisable. L’algorithme, propriété de ByteDance, reste opaque, et même son transfert à des investisseurs américains ne changera pas sa logique : maximiser le temps passé, quitte à éroder l’autonomie mentale. « C’est devenu un réflexe : je m’assois, je sors mon téléphone, j’ouvre TikTok. Une fois lancé, c’est fini », confie une utilisatrice.
TikTok agit donc comme une machine à tuer le temps, dont le design lui-même est conçu pour court-circuiter notre volonté… Et si la vraie innovation était de créer des technologies qui respectent (plutôt qu’exploitent) nos limites cognitives ?🤔

• USA : 62 % des moins de 2 ans regardent YouTube chaque jour.

D’après l’étude du Pew Research Center qui vient de paraître, 62 % des enfants américains de moins de 2 ans regardent désormais YouTube, contre 45 % en 2020. Une progression fulgurante qui pose question : comment une plateforme conçue pour les adultes est-elle devenue un incontournable de la petite enfance ?
Trois facteurs expliquent cette tendance. D’abord, la gratuité de la plateforme. Ensuite, son rôle de "soupape" pour des parents en quête de répit. Enfin, la banalisation généralisée des écrans : quand les parents sont les premiers à scroller, exposer bébé à YouTube semble (presque) normal…
Ce n’est pas faute de sensibilisation, mais dans la vraie vie, c’est le bouton ‘Lecture’ qui gagne. ☹️

TENDANCES

• “Friend”, ou comment se faire des ennemis en vendant de l’amitié.

En juillet 2024, Avi Schiffmann, 22 ans, lance Friend : un pendentif en plastique à 129 dollars, équipé d’un micro et d’une IA censée incarner « l’ami parfait », toujours à l’écoute, jamais en retard, sans jugement.
Fin septembre, Avi inonde le métro New-yorkais avec plus de 11 000 affiches. Dès le lancement, la campagne provoque un tollé.
Les New-Yorkais ont vu dans ces pubs une promotion de la "surveillance capitaliste" et une menace pour les connexions humaines authentiques et plus de 90 actes de vandalisme sur les affiches ont été documentés : des graffitis comme "Human connection is sacred. AI is not your friend" (La connexion humaine est sacrée. L'IA n'est pas votre amie), "Surveillance tool" (Outil de surveillance), ou "We don’t have to accept this future" (Nous n'avons pas à accepter ce futur).

Interrogé par la presse, Avi Schiffmann a trouvé la situation "assez divertissante" et considère la campagne comme un "énorme succès" malgré le backlash, notant une hausse des ventes et du trafic sur le site. Il voit ces réactions comme de la pub gratuite et prédit que les compagnons IA deviendront normaux, augmentant l'intelligence émotionnelle collective…

• Claude.ai se positionne en « partenaire de réflexion » avec un pop-up store IRL.

Anthropic, qui se présente comme développant des IA sûres et éthiques, avec notamment son chatbot Claude, a temporairement transformé un kiosque à journaux new-yorkais en un espace de réflexion et de connexion. Ce “havre de paix” estampillé Claude a invité les visiteurs à travailler, lire ou simplement réfléchir… autour d’un café. Dès le premier jour, la file d’attente faisait le tour du pâté de maisons, et les casquettes gratuites « thinking » (littéralement « en train de réfléchir ») se sont arrachées. Sur place, pas d’écran, mais des carnets, des livres et des stylos ; une réponse à l’appel d’Anthropic pour une « zone zéro slop » (un clin d’œil à la prolifération de contenus IA médiocres qui inondent le web).

“En créant un lieu physique dédié à la réflexion, Anthropic admet ce que beaucoup pressentent déjà : la vraie valeur de l’IA n’est pas de penser à notre place, mais de nous libérer pour mieux penser nous-même.”🙃
L’entreprise démontre qu'elle n'a pas besoin de panneaux publicitaires pour affirmer sa présence. Le pop-up transforme Claude d’un outil solitaire en une expérience partagée, où le café et la conversation créent des marqueurs visibles d’appartenance.
C’est le pouvoir subtil des activations de marque bien exécutées 😏